LES CARS RAPIDES ETOUFFENT DAKAR ET SA BANLIEUE

L’ENVIRONNEMENT DE LA CAPITALE MENACE

Les cars rapides étouffent et agissent indirectement sur la couche d’ozone

Intégrés dans le système du transport urbain dans la capitale sénégalaise dans les années 1973, les « cars rapides » de la marque Renault Sg2 jouent un rôle non négligeable dans le transport sénégalais  vu son accessibilité. Mais aujourd’hui, ces véhicules très prisés sont en train de causer des préjudices énormes à notre écosystème mettant du coup en danger la vie des populations.

Dakar étouffe avec les cars rapides qui sont des véhicules de transport en commun très prisés par les populations. Car la pollution ne cesse de gagner du terrain. Un petit tour au garage Lat Dior et à Grand Yoff avec  la célébration de la journée mondiale de la couche d’ozone prévue ce 16 Septembre nous a permis de nous édifier sur l’ampleur du phénomène qui met en danger le cadre de vie et la santé des populations. Il est 16 heures lorsque nous arrivons à l’aérogare Lat Dior qui est très fréquenté par les usagers. Le décor est pathétique. C’est une odeur de carburant qui nous accueille avec de la fumée un peu partout. Par terre, ce sont des pots d’huile qui jonchent parfois la chaussée. Sur le même site, vendeurs de pièces détachées et professionnels de l’automobile s’activent dans des lieux très étroits pour y chercher leur gagne-pain malgré la forte canicule et la fumée provenant des pots d’échappement  qui est nuisible à la santé. Un apprenti-chauffeur à la recherche de clients court pour nous rencontrer en disant « Grand dakar-Grand Dakar. Grand-frère viens monter dans le véhicule, je pars à Grand Dakar ».Lorsque qu’on lui explique les raisons de notre visite au sein de leur aérogare, l’apprenti chauffeur nous oriente vers le bureau des chauffeurs.

Les usagers interrogés sur les motifs de notre visite expriment leur inquiétude sur la pollution avec les cars rapides. « Dakar étouffe avec les cars rapides. Ces véhicules sont même plus âgés que certains d’entre nous. L’odeur que les cars rapides dégagent est dangereuse .Les gens sont obligés de prendre les cars rapides par faute de moyens. Si ça n’était que de leur propre gré, ils n’allaient pas emprunter ces cars de transport en commun » a fait comprendre Dan Guéye trouvé au tableau de la ligne Grand Dakar. Et un autre client Alpha Sambou de renchérir « La pollution est généralisée à Dakar .Il n’y a pas que les cars rapides. Au départ, la limite d’âge d’importation des véhicules a été limitée mais finalement elle a été revisitée pour avoir passé de 05 à 08 ans ».

Cette situation n’est pas sans conséquence souligne encore ces clients. « Tu descends du boulot et parfois, tu as des maux de ventre ou des douleurs à la poitrine. Car c’est à cause de ce que l’on respire dont cette fumée des cars rapides. Et cela nous expose aux maladies pulmonaires et cancérigènes mais aussi aux accidents » selon toujours Alpha Sambou. Et Dan Guéye de poursuivre « Les gens respirent mal à Dakar à cause des cars rapides car l’environnement est pollué par ces cars rapides qui circulent en pleine capitale. L’odeur fait suffoquer et nous donne des maux de tête. Personne n’est à l’abri des maladies pulmonaires et du cancer avec la fumée qui se dégage dans ces véhicules que j’appelle cercueils roulants dont leur circulation est interdite en Europe ».

Talla Wade chauffeur de car rapide reconnaît la mauvaise qualité de l’air et les risques sanitaires «  Ce n’est pas bon à respirer mais on n’a pas le choix car on ne peut pas rester sans travailler. Les populations n’ont pas tous les moyens de prendre un taxi ».

Quant à la célébration de la journée mondiale de la couche d’ozone prévue ce 16 Septembre, Monsieur Wade l’ignore « Je ne suis pas au courant de cette journée. Je ne connais ni les tenants ni même les aboutissants »

Comme alternative pour la diminution de la pollution urbaine, ces habitants de la capitale sénégalaise préconisent l’accélération du programme de renouvellement du parc automobile dans le transport urbain « L’Etat doit penser à accélérer le processus de renouvellement du parc automobile urbain qui est devenu trop vétuste. On avait commencé mais il faut faire vite pour la santé et le bien-être des populations ».

Pour rappel, l’Etat du Sénégal avait affiché par sa volonté de renouveler le parc automobile urbain avec les transporteurs de l’Association de financement des transports urbains(Aftu) mais le projet avance à pas de caméléons. Ce qui indispose les usagers.

Cette situation de pollution urbaine qui gagne la capitale sénégalaise est confirmée par le centre de gestion de la qualité de l’air rattachée à la Direction de l’environnement. Aminata Mbow Diokhane responsable du centre de gestion de la qualité de l’air s’explique « Dakar comme la plupart des grands centres urbains fait face à une pollution atmosphérique. Cette pollution atmosphérique est essentiellement liée aux particules en suspension qui sont des  particules de poussière. Ces particules de poussière peuvent pénétrer profondément les poumons en fonction de la taille et qui altèrent la qualité de l’air au niveau de la Ville de Dakar principalement durant la  saison sèche principalement en Mi-Novembre et entre le Mois de Mars et Avril ».

Ces particules en suspension soutient encore Madame Diokhané  ont«  une origine anthropique et une origine naturelle. Par origine anthropique, on entend les activités urbaines dont le trafic automobile donc la circulation des véhicules, les activités industrielles, le brûlage à l’air libre de bios-masques de déchets. Par rapport au trafic automobile, ce sont les véhicules à moteur diesel qui contribuent le plus à la formation de ces particules. A côté de ces causes liées à l’activité humaines, il y a les origines naturelles notamment les poussières  désertiques. Vous savez qu’au Sénégal, nous sommes situés en zone sahélienne et ce qui fait qu’en une certaine période de l’année, nous sommes impactés par cette poussière désertique qui vient principalement du Sahara. Naturellement, les véhicules de transport qui fonctionnent très âgés avec du Diésel vont contribuer à la formation de ces particules surtout les Pm 2,5 très fines qui impactent négativement sur la santé des populations ».

Les véhicules de transport impactent indirectement sur la couche d’ozone

 L’ozone est un gaz situé dans la haute couche de l’atmosphère entre 10 et 40 km au- dessus de l’atmosphère. C’est un gaz qui nous protège contre les rayons Ultra-violets.Toutefois beaucoup de compatriotes ignorent l’importance de cette couche.Ce qui fait que certaines personnes utilisent parfois des réfrigérants néfastes parfois pour l’environnement.

D’après encore la responsable du Centre de gestion de la qualité de l’air «  Il se trouve que l’homme pour sa commodité dans le secteur du froid qui est incontournable et indispensable pour la vie utilise des gaz  réfrigérants qu’on appelle les Clc, les Hclc et Hfc.Il se trouve ces gaz réfrigérants contiennent des composants chimiques notamment le chrome, le brome qui détruit cette couche d’ozone. Ce qu’il faut comprendre, c’est que la couche d’ozone doit être préservée mais en haute atmosphère car nous protégeant contre les rayons Ultra-violets. L’ozone en basse atmosphère est un polluant organique qui influe sur la santé des populations ».

L’utilisation de ces réfrigérants dans le secteur du transport a une certaine incidence indirecte. « La destruction de la couche d’ozone est liée à l’utilisation de gaz réfrigérants dont on a besoin dans  la vie de tous les jours dans le secteur du froid. Parmi ces gaz réfrigérants, il y a  des gaz que l’on utilise pour faire fonctionner les climatiseurs des véhicules »a encore fait Madame Diokhané .Qui poursuit« Donc, Nous pouvons considérer que ce type de transport contribue de façon négative à la destruction de la couche d’ozone. Mais quand on parle de pollution atmosphérique, on raisonne plus en termes d’impact sanitaire direct c’est-à-dire que la pollution atmosphérique a une source donnée. Parmi ces sources données, il y a les gaz d’échappement des véhicules. Et dans ces gaz d’échappement, il y a des particules qui sont émises et d’autres polluants qui une  fois émises en contact avec l’homme peuvent dégrader et causer des effets nocifs sur sa santé ».

Ce qui nécessite aujourd’hui des séances de sensibilisation auprès des masses. Selon toujours Aminata Mbow Diokhané «  Gardons la tête froide et poursuivons les efforts dans le protocole de Montréal est le thème de cette année. Car le protocole de Montréal a connu un succès et comme il y a beaucoup d’efforts consentis et il ne faut pas baisser les bras. L’amenda de Kigali a été adopté donc il faut démultiplier les efforts de sensibilisation pour préserver les acquis ».