L’USAGE DE LA DROGUE PREND DE L’AMPLEUR EN MILIEU SCOLAIRE
Populations, acteurs non étatiques et étatiques en guerre contre le phénomène
L’usage de la drogue dans l’espace scolaire a pris des proportions inquiétantes. Une situation qui a poussé populations, acteurs non étatiques et étatiques à se donner la main l’intégration d’un curriculum de modules d’enseignement des drogues.
De plus en plus, la drogue est usée dans le milieu scolaire. Une étude réalisée en 2007 par l’Office des nations unies contre la drogue(Onudc) en collaboration avec le Comité interministériel de lutte contre la drogue(Cild) et la Division du contrôle médical scolaire(Dcms) sur l’usage des drogues au niveau du premier scolaire de l’enseignement général et technique dans 05 Inspections d’éducation et de formation de l’Inspection d’académie de Dakar a révélé que sur un échantillon de 3107 élèves dont 51 pour cent de garçons et 48 pour cent de filles, 07 pour cent ont fumé du tabac, plus d’un pour cent ont fumé du cannabis, plus de 5 pour cent ont bu de l’alcool, 01 à 02 ont consommé des inhalants de l’héroïne ou de la cocaïne. Et en banlieue, la Police a eu à épingler selon des acteurs non étatiques des écoliers qui fumaient du chanvre indien à Diamaguéne sicap Mbao. Ce qui constitue un réel danger au niveau des écoles sensés d’être les lieux de protection et d’éducation pour les enfants et les jeunes. Cette situation a poussé populations, acteurs non étatiques membres de Plan dakar urbain et étatiques et autorités municipales locales puis religieuses mais aussi enseignants à se donner la main pour combattre le phénomène vu les risques sur le devenir des enfants en proposant l’intégration de modules d’enseignement sur les drogues dans le système éducatif.
D’après Isseu Teuw Ndiaye conseillère en développement communautaire au niveau de Plan international sénégal« Au niveau national, nous allons continuer le processus c’est à dire accompagner les ministères dans la révision du curriculum qui est l’objet principal de notre combat. C’est par des étapes. Nous avons commencé par un plaidoyer qui a été fait au niveau communautaire. Au niveau national avec nos partenaires, nous allons porter aussi le combat jusqu’au Ministère jusqu’à ce que le module soit intégré dans le curriculum dans le systéme éducatif». Car a t -elle tenu à se justifier «Ce combat est important pour nous parce que notre domaine de travail au niveau de Plan international Sénégal porte essentiellement sur la protection de l’enfant. Nous sommes dans le cadre de la promotion et de la réalisation des droits de l’enfant. Donc, il est important pour nous en tant que Ong de veiller à ce volet protection de l’enfant. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à ce problème de la drogue qui envahit les écoles et dont nos enfants sont les premières victimes. Donc il est important dans ce cadre de contribuer à ce combat et d’appuyer surtout nos partenaires communautaires dont la Commune de Diamaguéne Sicap Mbao à mener ce combat, à susciter le débat, les réflexions pour que réponses appropriées puissent être apportées à ce fléau qu’est la drogue». Et Cheikh Diop « Il est évident qu’au niveau de nos espaces scolaires, les élèves consomment les drogues. C’est pourquoi, nous avons pensé qu’il est important que l’on prenne des dispositions pour freiner ce phénomène. Parce que l’école est un espace d’éducation, d’encadrement et de protection des enfants et des jeunes. Si aujourd’hui, l’on constate que la drogue, ça pose énormément des problèmes. C’est pourquoi nous avons démarré avec Plan un programme qu’on a débuté dans cette commune de Diamaguéne Sicap Mbao consistant à plaider au prés des autorités pour qu’au niveau de l’enseignement qu’on puisse donner aux éléments de base nécessaire qu’il faut comprendre pour éviter l’usage de la drogue par l’intégration des modules d’enseignement sur les drogues, sur ses effets, sur ses conséquences dans le curriculum du système scolaire. Et ça, nous pensons que l’on peut réussi si tout le monde s’y mette». Et Seyni Wade d’appeler à une synergie collective pour éradiquer le phénomène.
Le rôle des parents est important dans la mesure où nous savons tous que l’enfant appartient à une cellule familiale. Donc, si nous devrons faire quelque chose, il faut privilégier la sensibilisation à la base. L’action d’aujourd’hui, c’est une étape. L’éducateur a un rôle car il doit être un modèle devant son élève. Donc il faut une synergie communautaire pour éradiquer le phénomène ». Et Cheikh Diop d’ajouter » Il faut prendre des mesures pour sécuriser l’espace scolaire ensuite développer des programmes de sensibilisation en impliquant les parents d’élèves, les enseignants à travers l’intégration d’un curriculum pour mettre fin à l’usage des drogues qui prend de l’ampleur dans le milieu scolaire ».
Même plaidoyer formulé par les élèves par la voix de Sokhna Maimouna Mbacké Séne » Nous voulons que nos autorités administratives locales et parlementaires prennent des mesures pour l’intégration des modules dans le curriculum du système scolaire pour permettre aux élèves d’être informés sur les méfaits et les conséquences de l’usage des drogues, la mise en place des supports pédagogiques et de sensibilisation au niveau de l’espace scolaire, l’implication des parents, la mise en place de comités de veille et des activités de prévention ».
Sur les contours du plaidoyer, Bireume Anta Séye le secrétaire général du Groupement de mise en œuvre(Gmo) au niveau de la Commune de Diamaguéne Sicap Mbao renseigne » Qui dit plaidoyer dit processus. Donc avec les jeunes, nous avons voulu faire un plaidoyer interpellatif qui aura un bon suivi. C’est à dire comme c’est un processus, nous avons démarré par des activités se sensibilisation dont des séances de causeries. Et pour le suivi, un mémorandum a été remis aux autorités compétentes ».
Faisant le point sur la drogue dans l’espace scolaire, Madame Ndiaye de Plan sénégal international soutient que «Le problème de la drogue est pendant à Pikine.Il a été démontré que les enfants usent de la drogue». Et Cheikh Diop le président du Centre Jacques chirac de lutte contre les drogues basé à Thiaroye »Il a été noté qu’au niveau des établissements, il s’y passait l’usage de la drogue par les élèves. Et on a constaté que toutes les sortes de drogue sont consommées par les élèves. En dehors de cette enquête, nous avons été interpellés par des autorités d’établissements scolaires qui nous ont demandé de venir parler aux élèves sous forme de conférence essentiellement pour les amener véritablement à s’informer davantage sur les conséquences de la drogue. Parce qu’on a eu à constater des cas avérés d’usage de drogue par des élèves qui ont été pris en flagrant délit. Il ya des élèves même que nous recevons au niveau du Centre Jacques Chirac dans nos services d’accueil et d’accompagnement impactés par la drogue qui présentent aujourd’hui des pathologies qui sont en train d’être prises en charge ». Et Seyni Wade l’inspecteur d’académie de Pikine-Guédiawaye« Il n’est plus un secret de polichinelle que la drogue est aujourd’hui au niveau de nos établissements scolaires. Généralement, c’est au niveau du moyen et du secondaire qu’on enregistre des cas ». Et Bireume Anta Séye de renchérir «La situation de la drogue est alarmante dans l’espace scolaire si l’on se réfère uniquement dans les résultats de l’étude qui a été menée par l’Onudc faite au niveau de 05 établissements scolaires. Et aujourd’hui, la Commune de Diamaguéne Sicap Mbao n’est pas épargnée à cause de sa position géographique marquée par les inondations, la promiscuité et la pauvreté. D’autant plus que l’année dernière, un élève a été arrêté pour cause d’agression contre son professeur parce qu’il avait consommé de la drogue« .
Pour les causes de l’usage des drogue, Monsieur Diop explique «Il ya plusieurs facteurs. Il ya d’abord les facteurs favorisants par exemple l’influence du groupe. L’autre facteur, c’est dû à nos espaces scolaires qui ne sont plus sécurisés. On y voit du n’importe quoi aux alentours. Des trafiquants pénètrent nos espaces scolaires et échappent au contrôle des autorités qui ont en charge les écoles. Donc ça pose problème. Mais ce qu’il faut comprendre aussi, c’est qu’en dehors de tous les facteurs qui poussent les jeunes à aller vers la drogue à savoir l’ignorance, du manque d’information, de l’influence des groupes, du mimétisme etc mais il ya un discours dangereux effectivement qui consiste à faire croire aux élèves que si vous consommez de la drogue, ça vous rend plus intelligent et plus performant. Ça, c’est un discours qu’il faut dénoncer car sur le plan faux parce que sur le plan scientifique, il n’est aucunement démontré que la drogue rend plus intelligent. Ce qui cultive l’intelligence, c’est autre chose. Donc, il faudrait quand même que l’on travaille à lever cette idée-là et surtout à sécuriser l’espace scolaire puisque nos écoles sont implantées dans des milieux insécures et exposées à toutes sortes d’influence extérieure». Et Seyni Wade d’ajouter » Vous savez que l’école est une microsociété. Et l’école est dans un environnement. Et généralement, c’est l’environnement qui détermine les comportements de ses élèves .Car ici en banlieue, il ya la promiscuité et la pauvreté qui sont des facteurs favorisants l’usage de la drogue ».
Sur les conséquences de la drogue, Cheikh Diop »Il ya des conséquences sur le plan physique, mental mais aussi dans le processus d’enseignement et même dans la carrière des élèves. Je pense que sous ce rapport là, il est important de prendre des mesures». Et Seyni Wade d’ajouter « L’usage de la drogue dans le milieu scolaire est un fléau qui inhibe un peu l’ensemble des activités qui vont dans l’atteinte de la qualité ».
Fort de ce constat avec les conséquences nuisibles sur la santé et le devenir des enfants, ces acteurs communautaires comptent déposer un mémorandum sur la table des autorités étatiques pour que leur cri du cœur soit entendu à savoir l’intégration de modules sur les drogues dans le curriculum du système éducatif.