Les téfankés peinent à voir des clients

A QUELQUES JOURS DE LA TABASKI

Les moutons ne bêlent pas encore en banlieue

Dur pour les pères de famille en banlieue d’acheter un mouton en cette veille de fête de Tabaski. Constat fait hier lors de notre passage dans plusieurs points de vente à Pikine où les  clients se font encore désirer. Opportunité saisie également par les téfankés ont saisi l’opportunité  pour étaler leurs difficultés.

Il est 12 heures lorsqu’on arrive au foirail des petits ruminants de Dalifort, c’est un calme plat qui règne sur les lieux malgré l’approche de la fête de Tabaski. Dès que l’on franchisse la porte d’entrée,  02 rabatteurs s’approchent de nous pour nous proposer des moutons à vendre. Une conversation qui va durer quelques minutes. Puisque d’autres éleveurs se pointent aussi pour nous demander de nous approcher de leur espace où ils ont de bons moutons à des prix abordables. Après les avoir expliqué les motifs de notre visite, ces téfankés nous recommandent tout d’abord au près du président du foirail des petits ruminants du nom de Mamadou Talla.

Faisant le point sur la situation de leur espace de travail, Monsieur Talla affirme « Les clients viennent à contre-goutte. Il y a actuellement de l’éclairage public et assez d’espace pour accueillir les moutons. Certes nous sommes impactés par le projet Ter, mais  nous avons pu disposer d’un espace grâce à la diligence des autorités de la Sogas et du Ministère de l’élevage qu’on a aménagé et qui commence à accueillir des moutons. Concernant la sécurité, les autorités policières nous ont affecté une équipe de 10 agents qui passent la nuit ici ».Mais notre casse-tête rumine-t-il « C’est l’eau. Car parfois, les téfankés déboursent 200 francs pour se procurer une petite bassine. Et c’est très difficile si l’on dispose d’un grand cheptel ».

Ce manque d’eau est confirmé par un autre éleveur du nom d’Ousmane Kâ « Vraiment le manque d’eau nous indispose. Parfois, je dégaine 3000 francs par jour pour de l’eau. Ça, c’est très difficile. Tout le monde vit cette pénurie d’eau ici dans cet espace de vente de moutons ».

Comme alternatives, le président du foirail des petits ruminants Talla préconise la préposition de camions citernes au quotidien et l’installation de robinets en grande quantité pour faciliter l’approvisionnement en eau qui selon lui est devenue une denrée nécessaire pour la vie du bétail.

Après le foirail des petits ruminants, notre regard a porté sur Guinaw rails Nord. Là, les téfankés installés sur la voie publique par la mairie se plaignent de leurs agents municipaux qui selon eux les arnaque à longueur de journée avec  un versement de redevances sans reçu. Une situation qui a poussé le syndicaliste Abdourahmane Sow à taper sur la table «  Ce qui se passe ici est anormal. Des agents de cette mairie de Guinaw rails Nord créent le stress aux éleveurs en les menaçant de les déguerpir s’ils ne donnent  pas de l’argent. Et lorsqu’ils donnent de l’argent,  ces éleveurs ne reçoivent pas de reçus. J’en profite pour interpeller les autorités dont le maire de Guinaw rails Nord et le Ministère de l’Elevage comme quoi qu’il y a des choses graves qui se passent ici et qu’elles ont le devoir d’intervenir avant qu’il ne soit tard. Car les éleveurs fatigués de la cherté du transport vivement difficilement avec leur bétail car ne disposant pas d’eau, ni d’éclairage public et ni même de sécurité et sont arnaqués par ces agents de la mairie de Guinaw rails Nord qui les demandent de l’argent sans reçus ».

 L’absence de sécurité et la maladie du Saafa inquiétent Thiaroye gare

Les éleveurs du foirail des  ruminants de Thiaroye gare par contre se disent inquiets de l’absence de forces policières et de la maladie Saafa. «Les clients viennent petit à petit. On n’a pas encore vu les policiers. On a l’eau et l’éclairage public mais notre problème demeure la sécurité. Le Commandant de Police de Guinaw rails était venu ici et nous avait promis des mesures mais on attend toujours »a fait savoir Ablaye Tall un éleveur. Et de poursuivre pour étaler ses craintes  concernant la maladie mystérieuse Saafa « Vraiment avec la Saafa, tout le monde panique et tu as peur d’acheter un mouton non vérifié par un vétérinaire ».

Les clients déplorent la cherté des moutons

Lors de notre visite, les quelques clients rencontrés dans les points de vente ont eu à déplorer vivement la cherté des moutons.

Cheikh Diankha, client rencontré au foirail des petits ruminants de Dalifort dénonce « j’étais venu pour acheter un mouton mais les prix qu’on m’a proposés m’inquiètent car étant très cher .On me montre de petits béliers entre 180.000 et 200.000 francs. Ça, c’est anormal. Je vais rentrer et revenir d’ici le week-end ».

Même son de cloche  à Thiaroye gare où une dame du nom de Ndeye Séne rencontrée exprime sa déception « Ce que j’ai trouvé m’apeure. Les moutons coûtent trop chers. J’avais amené 100 mille francs mais je suis obligé de rentrer car on me dit que les prix d’achats des moutons commencent à partir de 150 mille francs ». Et Astou Seck une vieille dame âgée d’une soixantaine d’années « Cette tabaski s’annonce très difficile car les moutons sont très chers surtout pour nous qui sommes des retraités ».

Cette cherté des moutons est réfutée par les téfankés qui justifient leurs mesures sur la cherté respective du foin et de l’aliment de bétail mais aussi de la réticence des clients qui veulent acheter des moutons au- dessus de leurs moyens. « On ne peut pas avoir 50 mille francs et lorgner un mouton qui vaut 150 mille francs. Ça, c’est impossible. Il faut que les gens sachent raison garder et acheter les moutons à hauteur de leurs bourses. Car l’entretien d’un mouton coûte cher. Par exemple si vous achetez un mouton à 30 mille francs pour l’élever, vous devrez chaque jour débourser 300 francs pour le foin sans compter l’aliment de bétail. Si vous faites l’addition, vous retrouvez avec 500 francs par jour soit l’équivalent de 15 mille francs par mois sans compter l’eau et les soins au niveau des vétérinaires. Donc pendant une année, c’est presque plus de 200 mille francs en plus du prix d’achat sans compter le transport. Voilà la vraie réponse aux prix proposés » a encore fait comprendre encore Mamadou Talla le président des éleveurs du foirail des petits ruminants. Et Ablaye Tall  vendeur au foirail des ruminants de Thiaroye de renchérir « Si les moutons sont chers, ce n’est pas de notre faute. Car le sac de foin a augmenté car il est passé de 2500 à 10 mille francs tandis que l’aliment de bétail a grimpé aussi jusqu’à 11 mille francs contre 6000 autrefois ».

Les téfankés espèrent tout de même voire une affluence durant le week-end pour pouvoir vendre leurs moutons devenus aujourd’hui le casse-tête des banlieusards. Car bon nombre de pères de famille rencontrés disent attendre Dimanche pour pouvoir acheter un mouton.

Mbaye  Diop habitant Pikine tally Bou Bess intérrogé s’explique « Actuellement, c’est la crise dans ce pays et il n’y a pas d’argent. Et les moutons proposés sont chers. Je vais attendre d’ici Dimanche pour acheter un mouton. Car, il y aura un grand rush de moutons d’ici là ».Et Cheikh Thiam artisan de son état « Actuellement, notre seul souci demeure le mouton qui nous stresse vraiment. Je demeure aux téfankés d’avoir de la pitié car les prix sont incompatibles aux bourses. Les gens tirent difficilement le diable par la queue. Il n’y a pas d’argent dans ce pays ».