ALIOUNE SARR DIRECTEUR PROTECTION ENFANCE DÉCLINE SA STRATÉGIE DE RETRAIT DES ENFANTS DE LA RUE

ALIOUNE SARR DIRECTEUR DE LA PROTECTION DE L’ENFANCE

« Ce n’est pas par des opérations coup de poing qu’on va retirer les enfants de la rue »

Le projet du retrait des enfants de la rue ne doit pas être répressif et doit être orienté vers l’approche communautaire. Il ne faut pas faire un coup de bluff autour du projet de retrait des enfants de la rue. Il faudrait qu’on soit plus sérieux. Il ne faut pas qu’on soit bousculé de part et d’autre que des gens se mettent dans des opérations coup de poing. Ce n’est pas avec des opérations coups de poing qu’on va retirer ces enfants de la rue. Nous sommes dans l’approche sociale c’est-à-dire voire comment la responsabilité du délégué de quartier et de la collectivité territoriale sur l’implantation d’un daara » a fait savoir Alioune Sarr  Directeur de la protection de l’enfance au Ministère de la Bonne gouvernance et de la protection de l’enfance. Et de poursuivre « Nous sommes tous des sénégalais et nous connaissons la réalité de la problématique des daaras et des talibés.C’est pourquoi, nous avons mis en place une stratégie durable. C’est dire qu’il faut aller au-delà de l’évènementiel et installer des stratégies pérennes qu’on puisse mettre dans la tête de tous les sénégalais que la place de l’enfant n’est pas dans la rue et commencer par nous-mêmes. Cette stratégie qui a été testée au niveau du Département de Dakar va être élargie au niveau des Départements de Pikine, Guédiawaye et Rufisque avec comme bases les Cdpe .Il faut renforcer la sensibilisation ».

Sur les raisons d’un tel plaidoyer explique, Monsieur Sarr explique « Quand on parle des enfants de la rue, il n’y a pas que les talibés .Nous avons priorisé sur les talibés qui représentent 95%  et la majeure partie ces talibés viennent de Kolda et Kaffrine. Si on voit des serignes daaras du Saloum, il faut se poser la question pourquoi ? Si c’est ça la pauvreté, il faut  penser à trouver des mécanismes pour éviter que les gens viennent à Dakar.Car comme je l’ai dit tantôt, la place d’un enfant n’est pas dans la rue ».

Pour ce qui est du bilan à mi-parcours du projet de retrait des enfants de la rue, le Directeur de la protection de l’enfance affirme « 29 pour cent des enfants retirés viennent de la Guinée-Bissau. Nous avons pris langue avec l’ambassadeur de la Guinée-Bissau pour pouvoir comment régler le problème. Nous avons pu retirer depuis le démarrage du projet 365 enfants dont 165 entre le 28 Mars et 15 Mai 2018  L’éducation coranique n’est pas une alternative à l’éducation française .Il faut qu’on puisse la prendre comme une forme d’éducation de choix pour l’enfant. Il appartient à l’Etat de créer les conditions de chance de tous les enfants ».

Quant au sens de l’atelier, Alioune Sarr conclut « Cet atelier s’inscrit dans le cadre de la stratégie du retrait des enfants de la rue qui est train d’être mise en œuvre sous l’instruction du Chef de l’Etat. Nous sommes venus à côté des acteurs  surtout de première ligne. C’est une stratégie déroulée par le Ministère pour transférer les compétences aux structures les plus décentralisées. Aujourd’hui, cette stratégie de retrait des enfants de la rue a commencé pour la deuxième étape depuis le 28 Mars car la première a démarré depuis 2016.C’est une phase préliminaire. Nous allons tester cette stratégie au niveau du Département de Dakar. Il a fallu prendre du temps, essayé de voir comment mettre en œuvre ce modèle et l’originalité de ce modèle est que toutes les composantes sont entre les mains du Cdpe. C’est une volonté ferme également de remettre en place le dispositif installé dans le cadre de la stratégie nationale de protection de l’enfance .Aujourd’hui au niveau de Dakar, la stratégie a été implantée avec la participation de tous les acteurs. Et au bout de 03 à 04 mois d’intervention, nous avons appris et vu qu’il y a des innovations certes mais également il y a des actions à faire. Et aujourd’hui, nous avons pu avec tous les acteurs à l’occasion de la semaine nationale de l’enfant partager avec le secrétariat national et recueillir les avis de tous les partenaires ».

Cet atelier de partage découle de la situation alarmante de la mendicité des enfants. Un rapport révèle que sur les 13 millions 508 mille 715 habitants, plus de 48 pour cent ont moins de 18 ans et plus de 23% sont âgés entre 06 et 14 ans. Le même rapport révèle que 49% vivent dans des familles en dessous du seuil national de pauvreté et plus de 06% participent à l’activité économique. De surcroît, plus de 600 mille femmes d’âge primaire sont hors de l’école et bon nombre d’entre eux sont soumis à diverses formes d’exploitation, d’abus et de violence. Et selon une cartographie des écoles coraniques de la Région de Dakar réalisée en 2013, il y a 31160 enfants qui pratiquent la mendicité sur les 53% des enfants trouvés dans ces écoles. Le même rapport indique que 91 % des enfants pratiquent la mendicité pendant au moins 01 heure et au plus 05 heures de temps. Et que les enquêtes montrent que la mendicité des enfants est la principale source de revenus de maîtres coraniques et que les enfants de la rue sont souvent victimes de violences sexuelles, négligences et abandons alors que le décret 64-088 du 06 Février 1964 interdit toute forme de mendicité aux mineurs de 18 ans.