LA RESTAURATION DE RUE GENERE PRESQUE 30% DU BUDGET DE LA VILLE DE PIKINE

FOURNISSANT PRES DE 02 MILLIARDS DU BUDGET DE LA MUNICIPALITÉ

La restauration populaire de Pikine génératrice de recettes en difficulté veut l’encadrement

Couvrir les besoins alimentaires au Sénégal pose problème au Sénégal dû à un accès difficile à une nutrition suffisante et saine. Il ressort même d’une étude réalisée dans le cadre du Programme « Alimentation de rue dans la région de dakar(Alirue) que la prévalence de l’insécurité au niveau des ménages est de 15,1 pour cent en milieu rural et 8,5 pour cent en milieu urbain. Et Dakar qui a un taux d’urbanisation de 44 pour cent présente une situation préoccupante en matière de fragilité alimentaire et de pauvreté des ménages. Car plus de 70 pour cent des habitants de la Région de Dakar gagnent moins de 1000 francs par jour et le seuil le plus important reste plus important dans les Départements de Pikine et Rufisque où 80 pour cent des populations vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Pour lutter contre cette pauvreté galopante et faire face à l’insécurité alimentaire, les populations de la banlieue ont développé plusieurs stratégies dont l’alimentation chez les restauratrices de rue à cause de son coût modeste. D’ailleurs une étude réalisée par Enda Graf sahel en 2015 a révélé que un échantillon de 500 ménages, 38 pour cent achètent leur petit déjeuner chez les restauratrices de rue alors qu’en 2002, ce n’était que de 18 pour cent.

Au niveau de la Ville de Pikine, la restauration populaire est d’une importance sociale et capitale qui joue un rôle non négligeable dans le secteur marchand de l’économie car créant des revenus substantiels pour les ménages et permettant la prise en charge à bon prix de la demande alimentaire des populations défavorisées mais aussi la création d’emplois intermédiaires dont ceux qui s’activent dans la transformation de produits céréaliers et dans la production de produits maraîchers. Une étude d’ailleurs réalisée dans 10  Communes de la Ville de Pikine sur la restauration de rue en 2016 a fait état que son chiffre d’affaires est estimé à 02 milliards 42 millions 880 mille francs soit 29,41 du budget 2016 de la Ville de Pikine qui est de 06 milliards 947 millions. Il ressort toujours de cette enquête que les restauratrices de rue ont entre 16 et 74 ans avec une moyenne de 40 ans et que 64 pour cent d’entre elles n’ont pas fréquenté l’école puis 29 pour cent se sont arrêtées au cycle primaire et que 07 pour cent ont atteint le niveau secondaire. Il ressort de cette étude que 1679 ménages s’activent par jour  dans la restauration pour y gagner leurs revenus.

Toutefois, les actrices de la restauration rencontrent d’énormes difficultés pour mener à bien leurs activités. Des difficultés qui ont pour noms : absence de reconnaissance des pouvoirs publics locaux, accès difficile aux financements, précarité et insalubrité des espaces de travail, problèmes d’approvisionnement en denrées alimentaires. A cela s’ajoute, une pression des autorités locales pour le payement des taxes municipales journalières, mensuelles ou annuelles sans mesures d’accompagnement.

Cette situation a poussé d’ailleurs les femmes restauratrices de Pikine à s’organiser autour d’une association avec l’appui d’Enda Graf pour l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie.

D’après Ndeye Diaw leur présidente « Nous voulons que les maires et l’Etat nous aident pour que l’on mène à bien nos activités. Car au-delà du volet économique qu’on joue dans notre pays, nous participons à l’éducation et à la lutte contre la délinquance juvénile. Car il y a des filles ou garçons qui ont échoué à l’école et qui ne savent rien dans la restauration qu’on récupère pour les former et les éduquer. Donc les financements que l’on donne de gauche à droite, personne n’est plus méritante que nous  pour que l’on nous en octroie ».Il ressort même d’une étude que seul 04 pour cent des restauratrices de rue ont eue recours à une mutuelle d’épargne et de crédit pour le démarrage de leurs activités.

Lors d’une rencontre tenue à la Ville de Pikine, Assane Lo consultant de son état a plaidé pour la mise en place d’une « Maison de la femme restauratrice » à Pikine.Ce qui va selon lui contribuer efficacement à la formation et à l’encadrement des restauratrices à la Cuisine, aux normes d’hygiène alimentaire et aux techniques quantitatives de gestion avec un volet d’alphabétisation. Il soutient d’ailleurs que 62 pour cent des restauratrices populaires n’ont reçu aucune formation et que la précarité puis l’insalubrité au niveau des espaces de travail constituent un  problème de santé publique et portent préjudice aux consommateurs.

Autres doléances formulées par Monsieur Lo, ce sont la reconnaissance des restauratrices comme actrices de développement, l’amélioration des infrastructures de vente, la mise en place d’un cadre de concertation communal, l’institution d’une carte professionnelle pour les restauratrices, l’appui à la mise en place d’une centrale d’achat, la visite médicale gratuite et la création d’une mutuelle de santé.