ZOOM SUR DJILOR
Un village historique passé aux oubliettes
Situé dans l’Arrondissement de Fimela (Région de Fatick), le village de Djilor a été fondé en 1530 par Djidiak Selbé Faye qui était un paysan guérisseur venu du village de Nerane à Diouroup. Dans ce village où vivent plus de 500 âmes, l’agriculture et la pêche sont les principales sources de revenus de ces habitants. Mais ce village est passé aux oubliettes malgré son parcours riche d’histoire avec des grands cadres qui ont y ont passé leur enfance dont le défunt Président du Sénégal Léopold Sédar Senghor, l’ancien commissaire de Police à la retraite Gabriel Ndar Faye et tant d’autres intellectuels.
Souléye Simon Faye chef de village de Djilor liste les difficultés pour dire que « La remontée de la langue salée nous pose beaucoup de problèmes. C’est pourquoi nous ne pouvons pas pratiquer l’élevage dans cette zone. Ce qui fait que les animaux migrent vers le Djolof ». Il dénonce aussi le manque d’eau et l’accès difficile aux soins sanitaires pour dire que « L’eau pose problème ici alors qu’elle est vitale pour la personne. Pour la santé, c’est aussi un problème car pour se soigner, il faut aller à la case de santé de Fimela ».
Le Chef de village de Djilor réclame d’ailleurs la construction d’une digue de protection pour lutter contre la remontée de la langue salée et pour protéger les cultures. « Nous demandons à l’Etat de nous construire une digue de protection pour lutter contre la remontée de la langue salée » fulmine encore Souléye Simon Faye.
Sur les relations entre le père de l’ancien Président défunt Senghor et Djilor, le petit-fils du père fondateur du village Dominique Fata Faye par ailleurs gardien des temples sacrés du village indique que « C’est mon arrière grand père Djidiak venu de Nerane qui a fondé le village. C’est un de ces petits-fils qui a octroyé au père de Senghor ce terrain qui y a construit par la suite sa maison. Senghor est né ici dans la maison que vous voyez ».
Dans l’esprit des habitants de Djilor, la légende raconte que Djidiak Faye n’est pas mort pour avoir rassemblé les populations puis disparu mystérieusement devant eux en laissant les traces de ses pas de chaussures. D’ailleurs, un baobab a été planté sur l’endroit où il disparu. Un baobab supposé « sacré » où l’on fait des sacrifices pour se protéger contre les mauvais esprits. A cet endroit, les prises de vue sont strictement interdites.
Dominique Fata Faye arrière petit-fils de Djidiak confirme que « L’arbre sacré est un symbole pour nous. Djidiak n’est pas mort. Il a disparu mystérieusement en nous confiant qu’il veillera sur nous à sa manière. En disparaissant, il a laissé des traces de chaussure à l’endroit où est planté le baobab sacré qui protège tous les enfants natifs et originaires du village qui viennent parfois ici pour faire des prières ».